Passer au contenu

Mythes et légendes

 

Takanaaluk Arnaaluk, la mère des animaux marins

Une jeune fille ne voulait pas se marier car elle attendait l'homme parfait. A bout de patience, son père lui dit un jour qu'elle devrait choisir son chien. Un soir, un jeune homme se présenta et demanda le gîte. Pendant la nuit, il prit la fille pour épouse puis il disparut. Quand le père apprit que sa fille était enceinte, il la conduisit sur une petite île ou il la laissa avec le chien. Le père préparait régulièrement pour sa fille des paquets de provisions que le chien venait chercher à la nage. Le père comprit que le jeune étranger qu'il avait hébergé n'était nul autre que son propre chien le jour où sa fille accoucha de plusieurs bébés de forme canine et de quelques-uns de forme humaine. II regretta le mauvais sort qu'il avait jeté et décida de se débarrasser du chien. Au prochain voyage du chien, le père mit des pierres et du sable dons le sac de viande. Le chien repartit à la nage comme d'habitude et se noya. Dorénavant, le père se chargea d'aller lui-même porter des vivres à sa fille.

Lorsque la fille apprit comment le chien s'était noyé, elle voulut le venger. Elle commanda à ses petits chiens de déchirer le kayak de leur grand-père. Celui-ci réussit à s'échapper mais il ne revint plus chez sa fille. N'ayant plus de quoi nourrir sa progéniture, la fille façonna un petit bateau avec la semelle de sa botte, y déposa ses enfants canins et les poussa vers le large. II parait que les Blancs sont leurs descendants. Ensuite, elle prit sa chaussette, y plaça ses enfants humains et les poussa en direction des terres. II parait qu'ils sont les ancêtres des Indiens.

La jeune fille revint au foyer paternel. Un jour qu'elle était seule, un bel étranger l'invita à monter dans son kayak et la jeune fille accepta. Après quelques heures de promenade, le jeune homme monta sur une banquise et enleva ses lunettes. A sa grande surprise, la jeune fille vit qu'il avait les yeux rouges et qu'il était tout petit. Elle se rendit compte qu'elle avait suivi un pétrel tempête qui avait pris la forme d'un homme. Elle n'avait plus qu’à se résigner à son sort. L'oiseau l'emmena vivre avec lui dans sa petite tente et ils eurent un enfant.

Le père cherchait toujours sa fille. Le jour où il la trouva, le mari était parti à la chasse. Le père décida de reprendre sa fille. Lorsque le pétrel tempête aperçut les fugitifs du haut des airs, il se mit à battre des ailes si violemment que des vagues énormes menaçaient de faire sombrer le bateau. Le père poussa donc sa fille par-dessus bord afin que l'oiseau puisse la reprendre. La fille s'agrippait au bateau et le père lui coupa les premières jointures des doigts qui se changèrent en baleines. La fille restait accrochée au bord du bateau et le père lui coupa les secondes jointures et des phoques apparurent. Enfin, le père lui coupa les mains qui se transformèrent en morses. La fille disparut au fond de la mer où elle devint « Takanaaluk Arnaaluk », la mère de tous les animaux marins.

De retour chez lui, le père fut pris d'un tel remords qu'un jour, il s'enveloppa dons une peau et se coucha sur la grève jusqu'a ce que la marée haute l'emportât au large. C'est ainsi que le père, la fille et le chien furent réunis dans leur maison au fond de la mer. Le chien est couché sur le seuil de la porte. Le père, toujours de mauvaise humeur, est étendu sur un banc, emmitouflé dans une peau. La fille est la mère des mammifères marins et elle exige que les chasseurs les traitent avec respect puisqu'ils furent crées de ses propres mains.

Haut de page

Lumaaq

Une femme vivait seule avec ses deux enfants, un fils et une fille. Le jeune homme était très habile à la chasse et il y avait toujours abondance de nourriture dans leur iglou. La mère n'en finissait plus de dépecer le gibier et d'apprèter les peaux, si bien, qu'elle prit son fils en aversion et se mit à chercher un moyen pour l'arrêter de tant chasser. Un jour, pendant que le garçon dormait, la femme lui frotta les yeux avec de la graisse de baleine en souhaitant qu'il perde la vue. Quand le jeune homme se réveilla, il était aveugle.

Depuis ce jour, le garçon resta dans l'iglou pendant que sa mère et sa soeur allaient tendre des pièges à renards et chasser le petit gibier. La femme détestait son fils de plus en plus et ne lui donnait à manger que les restes de viande les plus coriaces.

Un jour, un ours polaire errant essaya d'enfoncer le mince carreau de glace qui servait de fenêtre à l'iglou. Le garçon pria sa mère de lui remettre son arc et ses flèches puis il visa dans la direction de l'animal. Il entendit la flèche pénétrer les chairs de l'ours mais la femme lui dit qu'il avait manqué l'ours et atteint le chien. L'ours succomba à sa blessure non loin de l'iglou et la mère s'empressa de le débiter et de cacher la viande pour elle-même et pour sa fille. Le jeune homme n'avait toujours que de la chair de renard avariée à manger et sa soeur le prit en pitié. Elle cachait des morceaux de viande sous son manteau pour son frère sans lui avouer que c'était la chair de l'ours qu'il avait tué. Mais, dès la première bouchée, l'aveugle avait découvert le men¬songe de sa mère.

Le printemps arriva. Le soleil fit fondre le toit de l'iglou. Un jour que le jeune aveugle gisait seul dans l'iglou au toit défoncé, il entendit le bruissement des ailes d'un huart et il l'appela à son secours. L'oiseau vint se percher sur l'iglou et offrit de conduire le jeune homme à un certain lac pour se débarrasser de la souillure qui l'aveuglait. Le garçon consentit quoiqu'il doûtat fort qu'un si petit oiseau puisse lui faire recouvrer la vue.

Une fois rendus au lac, le huart ordonna à l'aveugle de monter sur son dos. "Nous allons plonger dans le lac. Ne bouge pas tant que tu ne sentiras pas que tu vas suffoquer", dit l'oiseau. Quant le garçon fut rendu à bout de souffle au fond de l’eau, il fit signe au huart de le faire remonter. "Que vois-tu?" lui demanda le huart. "Je vois de la lumière", répondit le jeune homme. "Nous allons recommencer", reprit le huart. A sa sortie de l'eau, le garçon discernait le rivage mais le huart le fit redescen¬dre une troisième fois et ils attendirent très longtemps avant de refaire surface. Cette fois, le garçon put distinguer un lemming qui entrait dans son trou sur le flanc d'une montagne lointaine. A sa grande surprise, il vit que le huart était aussi grand qu'un kayak. Le jeune homme demanda à son bienfaiteur comment il pouvait lui témoigner sa reconnaissance. "Il n 'y a pas de poisson dans ce lac. Tu pourrais en apporter de temps à autre", répondit le huart.

Le jeune homme retourna chez lui et s'assit dans l'iglou où sa mère dormait d'un sommeil profond. Il remarqua les peaux crasseuses sur lesquelles il dormait naguère. Quand sa mère s'éveilla, il lui demanda à boire et elle lui tendit de l'eau sale, grouillante de vermine. Le garçon repoussa la tasse avec dégoût et déclara qu'il ne boirait pas de cette eau infecte. La femme comprit que son fils n'était plus aveugle et s'empressa de quérir de l'eau fraîche.

Le fils recommença à chasser et ce fut à nouveau l'abondance. Un jour, le garçon aperçut des baleines à proximité du rivage et demanda l'aide de sa mère: "Tiens-toi derrière moi et attache cette corde autour de ta taille pour m'aider à haler la baleine." "Choisis la plus petite", dit la femme. Mais le garçon harponna la plus grosse baleine du troupeau puis il lâcha la corde. La femme fut entraînée au large par l'énorme baleine et à mesure qu'elle s'enfonçait dans l'eau, elle hurlait: "Lumaa, Lumaa, Lumaa! " Ainsi se termine la légende de la mauvaise mère et de son fils aveugle. Il parait que longtemps après, des chasseurs entendaient parfois les cris de détresse de la pauvresse ballottée par les flots.

Haut de page

L'Homme et le géant

Un homme alla à la pêche un jour. Il essaya pendant longtemps d'attraper des poissons car il avait très faim. Pendant qu'il pêchait, il scrutait l'horizon dans toutes les directions au cas ou du gibier passerait près de lui. Il aperçut au loin une forme qui se dirigeait vers lui. En la regardant, il réalisa que c'était un homme et il comprit que c'était un géant car l'homme était immense. Il se sentit en danger et commença à imaginer que le géant allait le tuer. Ne pouvant s'échapper, il décida de faire comme s'il était mort et se coucha par terre en raidissant son corps et en retenant sa respiration.

Quand le géant arriva, il se pencha sur l'homme pour voir s'il respirait. Le géant le tâta et se dit que l'homme était mort. Le géant ficela l'homme terrifié et le hissa sur son dos. L'homme qui feignait d'être mort se tenait raide comme s'il était gelé et essaya de ne pas respirer alors qu'il était sur le dos du géant. Le géant se remit à marcher avec son nouveau fardeau et traversa une terre jonchée de buissons. L'homme eut alors une idée « Si je m'agrippe aux buissons, le géant se fatiguera! ». Quand il le pouvait, l'homme se mit à empoigner des branches et le géant eut du mal à progresser dans sa marche. L'homme lâchait les branches aussi subitement qu'il les attrapait faisant en sorte que le géant faillit trébucher plusieurs fois. Le géant dut se reposer et vérifia que l'homme était bien mort. Celui-ci retint sa respiration et le géant le pris encore pour mort. Le géant reprit ensuite son dur chemin.

Arrivé à l'intérieur de sa demeure, le géant déposa son fardeau près de l'entrée. Fatigué, le géant se coucha pendant que sa femme examina sa prise. Elle alla faire des préparations en vue de manger l'homme. L'homme comprit ce qu'elle avait l'intention de faire et chercha désespérément à s'échapper. L'homme ouvrit un tout petit peu les yeux et essaya de voir dans la pièce, mais à ce moment les enfants du géant se mirent à crier « L'homme s'est ouvert les yeux, l'homme s'est ouvert les yeux! ». Le géant leur répondit que l'homme était bien mort et ordonna à ses enfants de le laisser dormir.

Avec les yeux ouverts, l'homme avait aperçu une hache qui se trouvait près du géant. Le géant se rendormit malgré les cris de ses enfants. Profitant de sa chance, l'homme bondit sur la hache, la saisit, et d'un grand coup tua le géant. Il prit la fuite par la porte entrouverte. Il passa près de la femme du géant qui le prit en chasse. La femme était plus grande que lui et l'homme sentait qu'elle le rattrapait. Tenant encore la hache, il donna un grand coup sur le sol. Une grande rivière surgit à l'endroit où la hache était tombée et la femme se retrouva de l'autre côté de la rivière. Arrêtée, elle cria à l'homme « Comment as-tu fait pour traverser cette rivière! » « J'ai bu l'eau! » répond-y-t-il.

La femme se mit alors à boire l'eau de la rivière. Elle but jusqu'à ce qu'elle crut ne plus pouvoir boire, mais l'homme l'encouragea à boire d'avantage. Elle se remit à boire et, soudainement, éclata. L'air s'enveloppa d'un épais brouillard et quand il se dissipa, l'homme retourna chez lui. C'est ainsi que fut créé le brouillard et depuis, il se retrouve partout.

Page suivante: Les matériaux de sculpture

Haut de page